La Dame en blanc [The woman in white], W. Wilkie Collins, format Kindle, 571 pages, Romans Policiers et Thrillers / XIXème / Littérature anglaise
Walter Hartright, jeune professeur de dessin plutôt modeste, est embauché pour enseigner le dessin à deux jeunes filles dans une propriété isolée du reste du monde, Limmeridge House. En route pour son futur lieu de travail, il fait une rencontre de nuit étrange : une femme toute de blanc vêtue lui tient des propos assez incompréhensibles mais qui retiennent son attention, puisqu'ils évoquent Limmeridge House. Lui paraissant sympathique et un peu perdue, il la raccompagne à Londres, avant d'apprendre un peu plus tard que cette femme fragile s'était échappé d'un asile.
À Limmeridge House, la vie de Walter parait bien douce : il est accueilli comme un hôte dans cette belle propriété, le maitre du domaine, souffreteux, passe son temps seul dans sa chambre, et il s'entend fort bien avec ses deux élèves, demi-sœurs, la belle Miss Laura Fairlie et l'intelligente et énergique Miss Marian Halcombe. Miss Fairlie, qui ressemble étrangement, en plus jolie, à la fameuse dame en blanc, ne laisse pas indifférent le jeune professeur, et elle-même est assez attiré par ce dernier. Mais outre les différences de statut social, Miss Fairlie est promise à un autre homme. Ses fiançailles approchant, elle reçoit une lettre anonyme la mettant en garde contre son futur mari. Walter et Miss Halcombe enquêtent au village, et entendent rapidement des rumeurs à propos d'un fantôme qui hanterait le cimetière, un fantôme vêtu tout de blanc.
Mon club de lecture m'aura amené cette année encore à faire de très belles découvertes. Sans lui, je n'aurais probablement jamais exhumé des années passées ce très sympathique ouvrage. Quel délice de se plonger dans ces pages à l'élégante écriture et au suspense angoissant ! Ancêtre du thriller, histoire d'amour, peinture de mœurs de l'Angleterre du 19ème siècle, La Dame en blanc est un peu de tout cela. Au travers de la reconstitution chronologique, à la manière de celles dont se servent les forces de police, des faits déroulés autour de Miss Fairlie, W. Wilkie Collins fait la part belle au mystère, aux secrets de famille, aux anciennes propriétés pleines de pièces et recoins... Cette reconstitution fait intervenir différents témoins (Hartright et Halcombe, bien sur, mais aussi un avocat, une gouvernante...) et s'appuie sur différents supports (journaux intimes, procès-verbaux...). L'alternance des points de vue rythme naturellement le récit et amène le lecteur à revenir sur ce qu'il a appris pour lui donner un nouveau sens quand de nouveaux évènement corroborent ou contredisent les évènements et suppositions précédents.
Après un démarrage assez "fleur bleue", le temps de planter le décor et les personnages fort réussis d'ailleurs (une mention spéciale à Miss Halcombe, qui détonne dans la paysage de la société anglaise d'époque, et à l'oncle hypocondriaque égocentré !!), le suspense et la tension psychologique s'installent et ne lâchent plus le lecteur tout au long de la lecture.
J'avoue avoir deviné assez vite une grande partie du fin mot de l'intrigue, et puis l'histoire d'amour est un peu trop fleur bleue (ah, si seulement Walter avait délaissé de beaux yeux bleus au profit de la beauté intérieure de Marianne), le deus ex-machina final est peut-être un chouïa tiré par les cheveux, mais franchement, le plaisir est là : le plaisir d'une vraie bonne histoire, maitrisée de bout en bout par la main de maitre de W. Wilkie Collins, et racontée merveilleusement bien... La Dame en blanc mérite bien sa 28e place au classement des cent meilleurs romans policiers de tous les temps établie par la Crime Writers' Association en 1990. Et moi, j'en redemande !!
Ma note : 4,5
Ainsi avait disparu le fantôme habillé de blanc qui hanta ma vie. Comme une ombre, elle m'était apparue dans la nuit ; comme une ombre, elle s'était évanouie dans la solitude de la mort.
mercredi 2 décembre 2015
vendredi 2 octobre 2015
13e session - Un peu de couleur avant l'hiver !
Thème : Bon, ça fait déjà quelques jours (semaines ?) qu'on a ressorti les gros pulls, les blousons, les chaussettes bien chaudes... L'été est décidément bien terminé, nous voilà aux portes d'un nouvel hiver parisien, grisailleux et triste. Donc, pour ne pas se laisser abattre, cette dernière session de l'année sera une session toute en couleurs !
Le lauréat :
Catégorie Polar-thriller :
La Dame en blanc, de Wilkie Collins
Les Français avaient oublié ce roman, ancêtre de tous les thrillers, qui fascinait Borges et rendit jaloux Dickens (roman publié ici pour la première fois en version intégrale). Il nous révèle une sorte de "Hitchcock de la littérature" : suspens, pièges diaboliquement retors, terreurs intimes, secrètes inconvenances - rien n'y manque. Pourtant le chef-d’œuvre de Collins n'a jamais cessé d'être dans les pays anglo-saxons un succès populaire : l'un des plus sûrs moyens, en tout cas, d'empêcher l'innocent lecteur de dormir.
Les malheureux "perdants" :
Littérature générale :
Les Reines pourpres, de Jean-Louis Fetjaine
La charrette bleue, de René Barjavel
La charrette bleue, de René Barjavel
Science-Fiction :
Black man, de Richard K. Morgan
Le cabinet du Dr Black, de E.B. Hudspeth
Le cabinet du Dr Black, de E.B. Hudspeth
Fantasy :
Pays rouge, de Joe Abercrombie
Contes de la fée verte, de Poppy Z. Brite
Contes de la fée verte, de Poppy Z. Brite
Polar-Thriller :
Étrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage, de L.C. Tyler
Fantastique-Horreur :
Whitechapel, de Sarah Pinborough
Peur bleue, de Stephen King
Main innocente :
jeudi 17 septembre 2015
12e session - Qui a peur de la mort ?, par Tara
Qui a peur de la mort ? a été un vrai coup de coeur que j'ai dévoré en quelques jours et que je vais probablement offrir à des lecteurs et lectrices de mon entourage pour le faire découvrir!
Dans le Royaume des sept rivières deux peuples s'opposent: les Nurus, les maîtres, et les Okekes , les esclaves, comme l'affirme le Grand Livre qui affirment que ceux ci ont été punis par la déesse. Onyesonwu, notre héroïne, est une enfant du viol et sa double origine se voit sur son visage. Comme tous ceux dans son cas, elle est rejetée par les deux communautés et crainte, dans cet univers à la fois futuriste et fantastique. Les ordinateurs existent en effet mais ont le statut d'une ancienne technologie, en partie perdue, comme dans une dystopie post-apocalyptique, et les sorciers s'affrontent, du sorcier Nuru qui a engendré Onyesonwu au sorcier Okeke qui deviendra le maître et l'enseignant de la jeune femme, après s'être fait tirer l'oreille, parce que pouah, une fille!
C'est un roman qui aborde à la fois les thèmes du nettoyage ethnique, de l'excision, de l'hypocrisie humaine, de l'horreur du viol comme arme de guerre, mais aussi de la pression sociale et du poids des traditions. Cela en fait une oeuvre dense, ce qui n'empêche pas l'émerveillement et l'enthousiasme, même si je précise tout de suite que la joie de vivre et l'humour ne sont pas ses qualités dominantes! On pourrait plutôt dire qu'Onyesonwu possède la rage de vivre.
Avec ses amis, elle entamera un voyage, mi voyage initiatique, mi expédition vengeresse, vers les terres à l'autre bout du Royaume, pour tenter d'endiguer les armées Nuru avant qu'elles atteignent les dernières villes Okeke , et c'est l'occasion pour le lecteur d'un roman très différent de la fantasy plus habituelle, très axées sur les brouillards londoniens ou les grandes villes occidentales, et que je recommande chaudement.
Ma note: 5/5
mercredi 16 septembre 2015
12e session - Qui a peur de la mort ?, par Nakiami
Cela fait déjà un moment que ce livre me fait de l’œil, et son succès m'a fait sagement attendre mon tour à la bibliothèque. Lorsque j'ai enfin pu en lire les premières lignes, j'ai difficilement pu le refermer jusqu'à la dernière...
Onyesonwu, dont le nom signifie littéralement Qui a peur de la mort ?, est une ewu, c'est-à-dire née du viol d'une femme Okeke par un homme Nuru. Dans cette Afrique post-apocalyptique, être ewu est une malédiction. Rejetée par les Okeke aussi bien que par les Nurus, Onye, guidée par la colère et le désir de vengeance envers son père et envers les cruautés subies par le peuple Okeke, va au devant de sa destinée, étant tout à fait consciente que sa route est semée d'embûches et que seule la mort l'attend au bout du chemin. Heureusement elle pourra compter sur ses amies, qui ont su passer outre sa nature d'ewu et comprendre son combat, et sur son compagnon, un ewu comme elle.
Qui a peur de la mort ? nous confronte aux traditions africaines les plus secrètes, les plus cruelles, comme l'esclavage, l'excision, le viol, la place des femmes au sein de la société... Mais nous sommes également plongés au cœur des croyances, de la religion, de la magie, du folklore africain. Ce mélange de réel et de fantastique en fait un roman tout à fait prenant, à la fois documentaire et quête initiatique, même si le lecteur lambda (donc moi) est bien incapable de savoir à quel point les faits sont inspirés des réalités de ces pays d'Afrique dont on sait si peu de choses. Et pour ne rien gâcher, l'écriture est belle, fluide, et facile...
J'ai adoré ce livre, malgré quelques longueurs dont on aurait bien pu se passer, et je le recommande chaudement.
Nous restâmes là, à nous regarder, un instant.
- Tu as des yeux de tigre, dit-il. Et ces animaux se sont éteints voilà des décennies.
- Vous avez des yeux de vieillard, rétorquais-je. Et les vieillards n'en ont plus pour longtemps.
Selon une ancienne loi, le premier fils né hors mariage du chef devait remplacer son père. Le père du chef avait contourné cette règle en se mariant avec toutes les femmes avec qui il avait des relations. À sa mort, il avait plus de 300 épouses.
Ma note : 4
12e session - Qui a peur de la mort ?, par Ellane
Qui a peur de la mort ? est un ouvrage très original dans le paysage de la fantasy contemporaine. L'auteure, américaine d'origine nigériane, a puisé dans ses racines pour concocter un récit qui entremêle allègrement et avec beaucoup de bonheur les traditions, la magie, la spiritualité, les croyances...
Découvert dans le cadre de mon club de lecture préféré, mon avis sera relativement pondéré ; si Qui a peur de la mort ? présente des qualités, dont l'originalité n'est pas la moindre, d'autres choses m'ont suffisamment "déçue" pour ne pas faire de cette lecture un coup de cœur.
Outre son appui sur la culture nigériane, un autre point fort du livre est d'évoquer des sujets habituellement absents de ce type de littérature : l'excision, le viol comme arme de guerre, la place des femmes dans la société, etc... Toujours dans les qualités de cet ouvrage, je tire mon chapeau à N. Okorafor pour avoir su créer un monde dans lequel la magie est si naturellement et intimement implantée. J'ai beaucoup apprécié également certains personnages, comme Aro, Sola ou l'Ada, qui tiennent quasiment de l'archétype. J'ai particulièrement apprécié la culture du "Peuple rouge", si tant est que ce peuple de légende, se déplaçant dans les tempêtes de sable, existe réellement. Enfin, et de façon générale, j'ai toujours aimé les histoires de quêtes initiatiques pour changer le monde, au cours desquelles, bien souvent, c'est le personnage qui grandit et évolue bien plus que son monde.
Et c'est bien là que le bât blesse dans mon appréciation de ce livre. Je crois qu'il faut que je me fasse une raison, je n'accroche absolument pas au style "young adult", avec ses triangles amoureux (qui m'ennuient), batailles de filles pour un garçon (l'inverse est également vrai) (que je trouve ridicules), réactions typiquement binaires (et prévisibles), et avec des émotions systématiquement paroxystiques (qu'il s'agisse de colère, très présente dans l'ouvrage, mais aussi de détresse, de peur, de tristesse, de joie...), qui, même si on peut les relier à l'adolescence, âge des personnages principaux, me semblent factices. Serait-ce mes 40 automnes s'approchant qui en seraient la cause ? Possible... En tout cas, si je n'ai rien contre une belle et puissante histoire d'amour, les développements gnangnan sur qui aime qui, qui couche avec qui, et compagnie, me laissent de marbre. J'ai donc trouvé les réactions des personnages souvent enfantines, stéréotypées, et la colère d'Onye a fini par me lasser, d'autant que, en tant que personnage principal qui porte ce récit, c'est le personnage qui évolue le moins au fil des 500 pages de l'histoire...
D'autre part, je suis passée à côté d'un certain nombre de choses... Par exemple, je n'ai pas compris le rôle de la technologie dans la cosmogonie de N. Okorafor. A priori, les Okeke, premier peuple, ont été déchu par les dieux au profit des Nuru, car ils utilisaient trop cette technologie. On trouve dans les étendues désertiques traversées par Onye et ses amis des cimetières d'ordinateurs et de téléphones portables, qui portent malheur. Ceci dit, pour produire de l'eau, le seul moyen est d'utiliser une boite... technologique (qui doit marcher à l'énergie magique parce qu'on ne la recharge jamais...) ; enfin, on trouve des téléphones portables avec GPS qui fonctionnent encore... Qui entretient le réseau, les émetteurs et récepteurs, comment recharge-t-on les batteries ?? Bref, ça me laisse un peu sceptique.
Enfin, et ça me parait plus "grave", j'ai surement raté quelque chose autour de l'histoire du Livre. Ce livre explique pourquoi les Okeke sont des esclaves et pourquoi les Nurus sont leurs propriétaires. La prédiction du devin Rana dévoile que ce livre sera réécrit... Ben, à part si le récit de Onye est la nouvelle version du Livre, je ne vois pas se réaliser la prédiction du devin. Mais en quoi le récit de cette adolescente en colère peut-il être le fondement d'une société plus juste ? (Enfin, si c'est bien ça le nœud du livre, mais pas sure d’avoir tout suivi...).
Bref, si Qui a peur de la mort ? n'est pas un coup de cœur, j'ai quand même globalement apprécié sa lecture, y compris la fin qui, un peu mystérieuse et laissant une jolie part d'interprétation à son lecteur, rattrape (pour moi) un peu la sauce. A lire pour son originalité et à noter la couverture magnifique !
La manière dont un enfant est conçu n'est ni sa faute ni son fardeau.
Ma note : 3,5
mercredi 5 août 2015
12e session : Qui a peur de la mort ? par Gaenaria
Ce roman est un roman de fantasy à l'histoire surprenante :
Onyesonwu raconte son histoire. Elle est une ewu, une enfant de mère Okeke et de père Nuru. Elle est le fruit d'un viol, survenu lors de la destruction d'un village, comme cela arrive souvent dans l'Ouest entre Okékés et Nurus. Sa mère a survécu à l'agression et à choisi de garder son enfant, en priant Ani, la grande Déesse que cet enfant soit une fille et qu'elle devienne sorcière, pour combattre. Ce qui sera le cas. Car, en plus d'être ewu et donc rejetée par les autres pour cette distinction, elle sera l'une des plus grandes sorcières jamais connues, emplies de colère et de violence qu'elle apprendra à contenir pour mieux se battre contre les préjugés, les traditions et la guerre ancestrale qui oppose Okeke et Nuru. Ces derniers considérent les premiers comme des esclaves, traîtres de la grande déesse qui les aurait punit en créant les Nurus, leurs éternels ennemis selon le Grand Livre. Onyesonwu signifie "Qui a peur de la mort ?".
C'est un peu compliqué de proposer un aperçu de cette histoire. Et ce roman est riche de bien des façons.
Tout d'abord on ne se sent pas dans un récit SF, on se croit au beau milieu de l'Afrique, à une époque difficile à déterminer mais qui oppose Noirs et Blancs, comme cela a toujours été. Il y a une dimension fantastique dans le récit qui est présente tout au long de l'histoire et qui fait davantage penser à des croyances et traditions africaines que l'auteur aurait mis en scène. Comme un conte racontant l'origine des choses. Cette dimension habite l'ensemble du roman, de la première à la dernière ligne. L'héroïne est tiraillée entre deux ethnies, rejetée par les deux, acceptée par aucune. Elle n'est pas plus admise au sein des sorciers, et il lui faudra passer une épreuve douloureuse pour obtenir des amies par la force des traditions. Perpétuellement en colère, contre son père biologique pour ce qu'il a fait à sa mère, contre les Okékés qui ne se rebellent pas assez et acceptent les monstruosités imposées par les Nurus, contre les Nurus pour ce qu'ils font aux Okékés, contre Ani pour n'avoir jamais été bonne avec elle ni avec sa mère, contre Aro le sorcier pour refuser de l'accepter comme apprentie, contre la terre entière. Mais elle croisera la route de nombreuses bonnes âmes qui l'aideront dans sa quête et enrichiront sa vision des choses, la nuançant et la modifiant comme cela survient lorsqu'on grandit et vieillit.
J'ai pris grand plaisir à lire ce roman. Il est extrêmement dépaysant et nous fait découvrir une culture souvent inconnue ou mal connue. L'auteur est originaire du Nigeria et a puisé dans cette culture pour écrire cette histoire atypique teintée d'un fantastique original et novateur. En tout cas pour moi car je n'avais jamais lu d'histoires pareilles auparavant. Et même si l'histoire semble se dérouler à une autre époque que la nôtre, elle est très proche de nous et de notre actualité, récente ou passée (ou même future). En cela, elle est déroutante. Dure et cruelle, elle met en scène beaucoup de violence mais aucunement gratuite ni injustifiée, ni même disproportionnée. On s'attache très rapidement à Onye emplie de colère, on la comprend et éprouvons beaucoup d'empathie pour elle. Et même si son destin est tout tracé, on espère jusqu'à la dernière phrase une autre fin, qui pourtant ne peut être différente. La fin, justement, m'a un peu déçue car je ne pense pas avoir bien saisie ce qui survient, ni les sous-entendus qu'elle insinue. Peut-être mériterait-elle une deuxième lecture plus concentrée et réfléchie mais elle ne remet pas pour autant en question le plaisir de cette lecture.
Je recommande chaudement à tout le monde la lecture de ce roman si particulier, si original et pourtant si proche de nous. On a bien du mal à quitter Onyesonwu, son pouvoir, sa force et ses amis. Un vrai coup de cœur !
Onyesonwu raconte son histoire. Elle est une ewu, une enfant de mère Okeke et de père Nuru. Elle est le fruit d'un viol, survenu lors de la destruction d'un village, comme cela arrive souvent dans l'Ouest entre Okékés et Nurus. Sa mère a survécu à l'agression et à choisi de garder son enfant, en priant Ani, la grande Déesse que cet enfant soit une fille et qu'elle devienne sorcière, pour combattre. Ce qui sera le cas. Car, en plus d'être ewu et donc rejetée par les autres pour cette distinction, elle sera l'une des plus grandes sorcières jamais connues, emplies de colère et de violence qu'elle apprendra à contenir pour mieux se battre contre les préjugés, les traditions et la guerre ancestrale qui oppose Okeke et Nuru. Ces derniers considérent les premiers comme des esclaves, traîtres de la grande déesse qui les aurait punit en créant les Nurus, leurs éternels ennemis selon le Grand Livre. Onyesonwu signifie "Qui a peur de la mort ?".
C'est un peu compliqué de proposer un aperçu de cette histoire. Et ce roman est riche de bien des façons.
Tout d'abord on ne se sent pas dans un récit SF, on se croit au beau milieu de l'Afrique, à une époque difficile à déterminer mais qui oppose Noirs et Blancs, comme cela a toujours été. Il y a une dimension fantastique dans le récit qui est présente tout au long de l'histoire et qui fait davantage penser à des croyances et traditions africaines que l'auteur aurait mis en scène. Comme un conte racontant l'origine des choses. Cette dimension habite l'ensemble du roman, de la première à la dernière ligne. L'héroïne est tiraillée entre deux ethnies, rejetée par les deux, acceptée par aucune. Elle n'est pas plus admise au sein des sorciers, et il lui faudra passer une épreuve douloureuse pour obtenir des amies par la force des traditions. Perpétuellement en colère, contre son père biologique pour ce qu'il a fait à sa mère, contre les Okékés qui ne se rebellent pas assez et acceptent les monstruosités imposées par les Nurus, contre les Nurus pour ce qu'ils font aux Okékés, contre Ani pour n'avoir jamais été bonne avec elle ni avec sa mère, contre Aro le sorcier pour refuser de l'accepter comme apprentie, contre la terre entière. Mais elle croisera la route de nombreuses bonnes âmes qui l'aideront dans sa quête et enrichiront sa vision des choses, la nuançant et la modifiant comme cela survient lorsqu'on grandit et vieillit.
J'ai pris grand plaisir à lire ce roman. Il est extrêmement dépaysant et nous fait découvrir une culture souvent inconnue ou mal connue. L'auteur est originaire du Nigeria et a puisé dans cette culture pour écrire cette histoire atypique teintée d'un fantastique original et novateur. En tout cas pour moi car je n'avais jamais lu d'histoires pareilles auparavant. Et même si l'histoire semble se dérouler à une autre époque que la nôtre, elle est très proche de nous et de notre actualité, récente ou passée (ou même future). En cela, elle est déroutante. Dure et cruelle, elle met en scène beaucoup de violence mais aucunement gratuite ni injustifiée, ni même disproportionnée. On s'attache très rapidement à Onye emplie de colère, on la comprend et éprouvons beaucoup d'empathie pour elle. Et même si son destin est tout tracé, on espère jusqu'à la dernière phrase une autre fin, qui pourtant ne peut être différente. La fin, justement, m'a un peu déçue car je ne pense pas avoir bien saisie ce qui survient, ni les sous-entendus qu'elle insinue. Peut-être mériterait-elle une deuxième lecture plus concentrée et réfléchie mais elle ne remet pas pour autant en question le plaisir de cette lecture.
Je recommande chaudement à tout le monde la lecture de ce roman si particulier, si original et pourtant si proche de nous. On a bien du mal à quitter Onyesonwu, son pouvoir, sa force et ses amis. Un vrai coup de cœur !
vendredi 26 juin 2015
12e session - Le soleil
Thème : Nous sommes quasiment en juillet, il fait beau, il fait chaud, et nous avons eu envie de garder ce soleil dans nos lectures pour cette nouvelle session de CaroLire. Nous vous avons donc sélectionné plusieurs titres ayant un rapport de près ou de loin avec cet astre estival !
Le lauréat :
Qui a peur de la mort ?, de Nnedi Okorafor
Afrique, après l’apocalypse.
Le monde a changé de bien des façons, mais la guerre continue d’ensanglanter la terre. Une femme survit à l’anéantissement de son village et au viol commis par un général ennemi avant de partir errer dans le désert dans l’espoir d’y mourir. Mais au lieu de cela, elle donne naissance à une petite fille dont la peau et les cheveux ont la couleur du sable.
Persuadée que son enfant est différente, elle la nomme Onyesonwu, ce qui signifie, dans une langue ancienne :
« Qui a peur de la mort ? »
À mesure qu’elle grandit, Onyesonwu comprend qu’elle porte les stigmates de sa brutale conception. Elle est "ewu" : une enfant du viol que la société considère comme un être qui deviendra violent à son tour, une bâtarde rejetée par les deux peuples.
Mais sa destinée mystique et sa nature rebelle la poussent à se lancer dans un voyage qui la forcera à affronter sa nature, la tradition, les mystères spirituels de sa culture, et à apprendre enfin pourquoi elle a reçu le nom qu’elle porte.
Les malheureux "perdants" :
Littérature générale :
Cul-de-sac, de Douglas Kennedy
L'empreinte de Crusoé, de Patrick Chamoiseau
Science-Fiction :
Soleil vert, de Harry Harrison
D'or et d'émeraude, de Eric Holstein
Planète à louer, de Yoss
D'or et d'émeraude, de Eric Holstein
Planète à louer, de Yoss
Fantasy :
Nation, de Terry Pratchett
Polar-Thriller :
Soleil levant, de Michael Crichton
Patagonia tchou-tchou, de Raul Argemi
Patagonia tchou-tchou, de Raul Argemi
Main innocente : Il n'y en a pas !
Qui a peur de la mort ? faisait déjà partie de la sélection de la session 11, et il se trouve que, sans se concerter, nous l'avons toutes deux remis pour cette nouvelle session. On en a déduit qu'on a vraiment envie de le lire, alors voilà !
Dépôt des critiques : avant le 31 septembre
10e session : le bilan
La 10e session était consacrée au maître ès horreur, terreur, thriller… bref spécialiste pour nous empêcher de dormir, celui qu'on ne présente plus : Stephen King.
Pour l'occasion, nous avions voulu explorer et, pourquoi pas, comparer deux époques de sa vie d'écrivain : l'époque ancienne des premiers romans, et celle plus récente des dernières publications, histoire de voir si le maître n'a pas perdu le coup de plume pour nous faire peur.
Deux romans avaient donc été sélectionnés.
Je n'ai pas pu participé personnellement, même si j'ai déjà lu des romans de l'auteur.
Nakiami et Ellane se sont prêtées au jeu et, au vu de leurs critiques enthousiasmées, il semblerait qu'il soit difficile de départager les deux romans.
Même si leur propos est nuancé, le maître a su les faire trembler ou, à défaut, les tenir en haleine.
Une session qui mériterait presque d'être réitérée avec d'autres œuvres de l'auteur !
Note : *****
11e session : le bilan
La 11e session s'est achevée il y a déjà un moment, mais le temps semble filer bien plus vite que notre plume !
Au cours de cette session, Neil Gaiman avait enchanté tous les lecteurs qui s'étaient aventurés au bout de ce chemin où semble se trouver un océan. L'auteur nous avait en effet permis le temps d'un instant de nous retrouver enfant, et de replonger dans cette atmosphère si particulière, entre réalité rêvée et irréel cauchemardé, entre monde peuplé de créatures étranges et monde incompréhensible des adultes. On y avait saisi la main du narrateur pour ne plus la lâcher, et même ne plus vouloir quitter la ferme de son amie Lettie. Mais nous ne sommes pas Peter Pan, hélas ! Et la lecture terminée, il nous a fallu retourner à notre vie d'adultes, avec, de temps à autre, quelques réminiscences de ce roman en tête.
S'il fallait conclure, ce serait en soulignant le bon accueil qui a été fait jusqu'à présent à Neil Gaiman dans ce club de lecture. Cela fait la 2e fois qu'il remporte un franc succès unanime auprès des lecteurs. À croire que ses romans sont une valeur sûre et riment avec promesse d'un très bon moment.
Vivement le prochain roman de l'auteur alors…
Note : ******
vendredi 1 mai 2015
La mort du Disque-Monde 1/3 - Mortimer, par Nakiami
Ce recueil de Terry Pratchett regroupe trois tomes des Annales du Disque-Monde, mettant en scène le célèbre personnage de la Mort : Mortimer, Le faucheur et Accros du roc. Je viens tout juste de terminer le premier, et malgré la folle envie que j'ai de poursuivre, j'ai des petites "urgences" à lire avant de m'attaquer au Faucheur. Je ne vous parle donc dans un premier temps que des aventures de Mortimer, alias Morty, un jeune garçon bien maladroit dont personne ne veut s'empêtrer et qui finit par se faire embaucher comme apprenti par... la Mort.
Mais voilà, il se trouve que la Mort n'a qu'une envie : prendre du bon temps, se poser, se changer les idées. Il (car oui, la Mort est un "il") laisse donc les rênes de son travail à Morty, encore bien peu au fait des conséquences de ses actes...
Comme pour beaucoup de lecteurs, la Mort est l'un de mes personnages préférés du Disque-Monde. Et pourtant je ne l'avais pas encore beaucoup croisé dans les quelques aventures de Terry Pratchett que j'ai lues. Il se trouve que c'est juste l'un des personnages les plus drôles, originaux et fascinants de cet univers rocambolesque. Mortimer nous en apprend plus sur la Mort, sur son travail au quotidien, sur sa solitude, sur sa "vie". J'ai beaucoup aimé, j'ai beaucoup rigolé, mais j'ai été quand même un peu déçue par la fin, que j'ai trouvée plutôt bâclée, en tous cas trop rapide.
J'ai tout de même hâte de me plonger dans Le faucheur, et c'est pour très bientôt ! ^_^
lundi 20 avril 2015
Les ch'tits hommes libres, par Tara
Tant qu'à relire un roman de la série du Disque-monde en hommage à l'écrivain épatant qui les a commis, et nous a donné des heures d'évasion et tout un univers époustouflant, autant en choisir un que je n'avais jamais relu, justement. Pas comme Au guet! que j'ai du lire six fois, donc...
Les ch'tits hommes libres est le début de la série consacrée au personnage de Tiphaine Patraque, une jeune fille de neuf ans dans ce tome là, issue d'une famille de bergers et en qui les sorcières reconnaissent une des leurs. A leur grande stupéfaction, vu qu'aucune sorcière n'est censée naître dans ce genre de régions, pour des considérations géologiques. Oui, apparemment le substrat est important pour ce genre de choses.
Il n'empêche que Tiphaine est une sorcière et , comme les circonstances ne vont pas attendre qu'elle ait un brin d'expérience, qu'elle va se trouver mêlée à des tas d'ennuis car la Reine, reine des fées, reine des elfes, porte un peu trop d'intérêt à la région et que des choses étranges passent en résultat la barrière entre les mondes....ajoutez d'étranges petits bonhommes bleus, très costauds et amateurs de liqueurs du même calibre, et les problèmes d'agnelages et de fabrications fromagères vont devoir attendre, le temps que Tiphaine règle tout ça.
Les ch'tits hommes libres est en théorie un roman pour jeunes adultes, mais j'ai toujours trouvé que toute la série pouvait être mise finalement entre les mains d'un jeune lecteur... L'âge de l'héroïne corresponde bien mieux à ce genre de littérature, c'est vrai, que celui par exemple des romans du Guet où le personnage principal est un vieil officier cynique !
Tiphaine est un personnage intéressant, dure quand il le faut malgré son âge, et à tout prendre, un bien meilleur modèle littéraire que certaines écervelées promues par la littérature jeunes adultes de ces dernières années: intelligente, sensée, refusant de se laisser embobiner, que ce soit par les gens ou par les idées reçues... La relation avec sa grand-mère , tout en filigrane et en souvenir puisqu'elle est décédée avant le début, est aussi rafraîchissante par rapport aux habituelles figures de la fantasy (le héros et sa figure paternelle, souvent disparue tragiquement, on les a vus à toutes les sauces ! )
Je continue d'avoir pour série favorite dans le Disque-Monde les aventures des vaillants loustics du Guet, mais Les Ch'tits hommes libres est excellent et m'a donné envie de relire les romans qui lui font suite: Un chapeau de ciel, L'hiverrier et Je m'habillerai de nuit...
mardi 24 mars 2015
L'Océan au bout du chemin, par Ellane
L’océan au bout du chemin [The ocean at the end of the lane], Neil Gaiman, Au diable Vauvert / LITT.GENERALE, 314 pages, SF, Horreur et Fantastique / Littérature américaine
Un homme, à l'occasion d'un enterrement, a l'envie de prendre l'air avant de partager les condoléances des amis et de la famille. Sa voiture le conduit dans le village où il a passé son enfance. Il retrouve sa maison. Bien sur, elle a été repeinte, et d'autres personnes l'habitent. Mais à l'époque, quand il avait 7 ans, sa sœur et lui partageaient la même chambre. Sa première chambre, avec le lavabo jaune juste à la bonne taille, était louée pour la nuit ou plus longtemps à des voyageurs de passage, améliorant ainsi les revenus du foyer.
Tout avait commencé avec le prospecteur d'opales, qui louait cette chambre dans sa maison, et qu'on a retrouvé dans la voiture de son père, asphyxié par les fumées du pot d'échappement qui se déversaient dans l'habitacle. Lettie, une grande fille de 11 ans qui habitait à proximité du drame, avait pris le jeune garçon sous son aile, pour lui donner du lait tout juste sorti du pis de la vache, et du porridge. Puis elle l'avait emmené à l'océan, au bout du chemin. A première vue, ça ressemblait plutôt à une mare aux canards, mais il parait que les Hempstock l'avaient traversé quand ils étaient arrivés du Vieux Pays.
Je suis une grande fille maintenant. C'est moi qui raconte des histoires à mes enfants. Mais quand je lis un livre de Neil Gaiman, je me sens rajeunir à vue d’œil, je me rappelle que gamine, dans ma façon de voir le monde, le "rationnel" et "l'irrationnel" avaient des frontières très très poreuses, voire des frontières mouvantes, voire pas de frontière du tout... Et bien, L'océan au bout du chemin, c'est un peu ça, cette ambiance, ce retour dans un monde qui, comme on ne le comprend pas très bien, coexiste sur plusieurs plans en même temps.
Je n'ai pas honte de l'avouer : N. Gaiman est un des rares auteurs à arriver à me faire croire que la mare aux canards au bout du chemin est un océan, traversé par la famille de Lettie lorsqu'elle est partie du Vieux Pays, entrainant dans son voyage toutes sortes de créatures. Il est le seul à me faire croire que la gouvernante est l'une de ces créatures, une puce comme dit Lettie. Je n'ai aucun mal à imaginer sa toute puissance ! Et je crois dur comme fer que, pour l'empêcher de lire dans les pensées ou de deviner notre plan pour lui échapper, il faut lire des romans ou chanter des chansons ou réciter de vieux poèmes. Enfin, j'ai une confiance entière en Lettie, elle qui parle le vrai langage, celui qui créée le monde !
Le monde est merveilleux et terrifiant, et Gaiman lui redonne toute sa fraicheur dans cette splendide histoire poétique, onirique et effrayante que l'on quitte un brin nostalgique. Et si l'aventure continuait... Après tout, qui sait, au bout de ce chemin, se trouve peut-être une mare aux canards dans lequel se cache un océan que l'on transporte au fond d'un seau ?
Ma note : ***** (et plus !)
Les souvenirs d'enfance sont parfois enfouis et masqués sous ce qui advient par la suite, comme des jouets d'enfance oubliés au fond d'un placard encombré d'adulte, mais on ne les perd jamais pour de bon.
Les adultes ne devraient pas pleurer, je le savais. Ils n'avaient pas de mères pour les consoler.
Un homme, à l'occasion d'un enterrement, a l'envie de prendre l'air avant de partager les condoléances des amis et de la famille. Sa voiture le conduit dans le village où il a passé son enfance. Il retrouve sa maison. Bien sur, elle a été repeinte, et d'autres personnes l'habitent. Mais à l'époque, quand il avait 7 ans, sa sœur et lui partageaient la même chambre. Sa première chambre, avec le lavabo jaune juste à la bonne taille, était louée pour la nuit ou plus longtemps à des voyageurs de passage, améliorant ainsi les revenus du foyer.
Tout avait commencé avec le prospecteur d'opales, qui louait cette chambre dans sa maison, et qu'on a retrouvé dans la voiture de son père, asphyxié par les fumées du pot d'échappement qui se déversaient dans l'habitacle. Lettie, une grande fille de 11 ans qui habitait à proximité du drame, avait pris le jeune garçon sous son aile, pour lui donner du lait tout juste sorti du pis de la vache, et du porridge. Puis elle l'avait emmené à l'océan, au bout du chemin. A première vue, ça ressemblait plutôt à une mare aux canards, mais il parait que les Hempstock l'avaient traversé quand ils étaient arrivés du Vieux Pays.
Je suis une grande fille maintenant. C'est moi qui raconte des histoires à mes enfants. Mais quand je lis un livre de Neil Gaiman, je me sens rajeunir à vue d’œil, je me rappelle que gamine, dans ma façon de voir le monde, le "rationnel" et "l'irrationnel" avaient des frontières très très poreuses, voire des frontières mouvantes, voire pas de frontière du tout... Et bien, L'océan au bout du chemin, c'est un peu ça, cette ambiance, ce retour dans un monde qui, comme on ne le comprend pas très bien, coexiste sur plusieurs plans en même temps.
Je n'ai pas honte de l'avouer : N. Gaiman est un des rares auteurs à arriver à me faire croire que la mare aux canards au bout du chemin est un océan, traversé par la famille de Lettie lorsqu'elle est partie du Vieux Pays, entrainant dans son voyage toutes sortes de créatures. Il est le seul à me faire croire que la gouvernante est l'une de ces créatures, une puce comme dit Lettie. Je n'ai aucun mal à imaginer sa toute puissance ! Et je crois dur comme fer que, pour l'empêcher de lire dans les pensées ou de deviner notre plan pour lui échapper, il faut lire des romans ou chanter des chansons ou réciter de vieux poèmes. Enfin, j'ai une confiance entière en Lettie, elle qui parle le vrai langage, celui qui créée le monde !
Le monde est merveilleux et terrifiant, et Gaiman lui redonne toute sa fraicheur dans cette splendide histoire poétique, onirique et effrayante que l'on quitte un brin nostalgique. Et si l'aventure continuait... Après tout, qui sait, au bout de ce chemin, se trouve peut-être une mare aux canards dans lequel se cache un océan que l'on transporte au fond d'un seau ?
Ma note : ***** (et plus !)
Les souvenirs d'enfance sont parfois enfouis et masqués sous ce qui advient par la suite, comme des jouets d'enfance oubliés au fond d'un placard encombré d'adulte, mais on ne les perd jamais pour de bon.
Les adultes ne devraient pas pleurer, je le savais. Ils n'avaient pas de mères pour les consoler.
mardi 17 mars 2015
Tous à Ankh Morpork !
ÉVÉNEMENT SPÉCIAL !
HOMMAGE À TERRY PRATCHETT
La Mort est venue bien trop tôt chercher son père. Une pétition circule d'ailleurs je crois pour lui demander de nous rendre Terry !
En attendant sa libération, et pour rester encore dans l'univers magique que ce génial Terry avait créé, nous vous proposons de le (re)découvrir à travers ses différentes œuvres, tant celles consacrées au Disque-Monde, que celles destinées à nos chers bambins, ou bien encore celles écrites à plusieurs mains avec des confrères.
Comme ce cher trublion n'a pas chômé dans sa vie, et qu'il a, à son actif, plus d'une centaine de livres, tous plus ou moins originaux et magnifiques, nous allons nous limiter aux Annales du Disque-monde, son œuvre majeure, et vous proposer des "catégories" au sein de ces annales dans lesquelles vous puiserez un ou plusieurs livres à lire et, pourquoi pas et nous l'encourageons, une petite critique que nous pourrons publier.
Et pour que la chose reste ludique, je vais reprendre le plan de lecture des Annales élaboré par un certain Krzysztof K. Kietzman et traduit par Stéphane Gérard :
Très joli, mais difficile à lire. Voici son jumeau, moche, mais lisible (et par ici si c'est encore trop petit) :
Du coup, voici les "catégories" ou "cycles" proposés en lecture :
Cycle de Rincevent
Cycle scientifique
Cycle des sorcières
Romans pour adolescents
Anciennes civilisations
Cycle de la Mort
Cycle du Guet
Révolution industrielle
Il me semble que ce plan de lecture n'est pas tout à fait à jour, et nous nous en excusons. Mais ces cycles permettent au moins de mettre un peu d'ordre et de laisser le champ libre quant au choix de lecture pour cet hommage. Nous vous invitons donc à puiser un ou plusieurs livres dans le ou les cycles choisis, selon votre convenance, et de venir ici nous parler de votre ressenti !
Si vous trouvez que ces cycles restent encore bien flous, vous pouvez également décider de lire les recueils édités par l'Atalante :
Les Sorcières du Disque-Monde
Le Guet d'Ankh-Morpork
La Mort du Disque-Monde
Nouvelles du Disque-Monde
On aurait pu aussi proposer la lecture de ses romans écrits à plusieurs mains, ou encore de ses écrits hors Disque-Monde, mais ce fera l'objet d'un autre post, plus tard (sauf si beaucoup de gens protestent, bien sûr).
On pourrait aussi torturer La Mort pour le convaincre de nous rendre Terry, et s'il y a des volontaires, ne vous gênez pas !
(envoyez-nous les photos si vous y arrivez, on les publiera ici !)
Bon ba, rendez-vous à Ankh-Morpork alors, et bonjour à A'Tuin !
Bon ba, rendez-vous à Ankh-Morpork alors, et bonjour à A'Tuin !
Retour sur Terre fin mai avec toutes nos impressions.
mercredi 11 février 2015
L'Océan au bout du chemin, par Tara
Neil Gaiman a écrit ici un roman sur l'enfance mâtiné de fantastique qui se trouve être un petit bijou faisant honneur à ses talents de conteur, à son âme d'enfant, à sa faculté à mêler quotidien et étrange d'une plume que je trouve très évocatrice. Un petit bijou, donc, que j'offrirai certainement à d'autres lecteurs pour le faire découvrir, tant il m'a enchantée.
Un deuil est l'occasion pour le narrateur adulte de revenir dans la région de son enfance et de refaire des chemins qu'il pensait presque oubliés. Comme celui qui mène à la ferme Hempstock, où son amie Lettie vivait autrefois avec sa mère et sa grand-mère. Et derrière la ferme, il y a cette mare...cette mare tout à fait banale d'apparence, cette mare très simple, dont Lettie disait qu'elle était un océan, que sa mère, sa grand-mère et elle avaient traversé autrefois pour venir du vieux pays....
Pour le narrateur,c 'est le début des souvenirs qui remontent et pour le lecteur, le début d'un roman palpitant qui rend la saveur de l'enfance, l'enfance telle qu'elle est réellement, pas telle que les adultes la présentent, une enfance d'après midi dans les arbres avec un livre, mais aussi une enfance qui peut être sauvage, cruelle, où les monstres ne sont pas si loin et où les grands finalement ne servent pas toujours à grand chose...
C'est assez court, difficile d'en dire beaucoup sans déflorer l'intrigue,quoiqu'à vrai dire, beaucoup de visiteurs de Caro-lire ont déjà du le dévorer vu les posts tout à fait encourageants des Caroline, mais c'est tout simplement enchanteur et je ne peux qu'encourager les lecteurs éventuels à l'ouvrir!
Ma note: *****
mardi 10 février 2015
L'Océan au bout du chemin, par Nakiami
Un roman de Neil Gaiman, on ne peut pas ne pas s'y arrêter. Et même
s'il n'avait pas été tiré au sort à l'occasion de la nouvelle session de
CaroLire, je m'y serais penchée un jour ou l'autre, avec beaucoup
d'attente, de frissons et de plaisir anticipé...
Car Neil Gaiman est un conteur né, et à chaque lecture il nous le prouve. Dans L'Océan au bout du chemin, l'auteur s'adresse directement à l'enfant que nous avons été, nous rappelant à quel point la vie peut être magique et effrayante à cet âge béni de tous les possibles. Le narrateur se souvient de ses 7 ans, de sa seule amie, Lettie, et des aventures irréelles qu'il a vécues au côté de cette jeune fille de 11 ans pour qui la mare au canard du bout du chemin était son Océan...
Dès les premières pages on se laisse emporter par la magie de ce conte, original et surprenant, qui se lit vite, mais qu'on prend le temps de savourer, de découvrir, et qu'on n'a pas du tout envie de quitter une fois la dernière page tournée. L'Océan au bout du chemin fait partie de ces livres que je relirai très certainement encore, et encore, pour en savourer chaque détail.
Ma note (sans surprise) : *****
Car Neil Gaiman est un conteur né, et à chaque lecture il nous le prouve. Dans L'Océan au bout du chemin, l'auteur s'adresse directement à l'enfant que nous avons été, nous rappelant à quel point la vie peut être magique et effrayante à cet âge béni de tous les possibles. Le narrateur se souvient de ses 7 ans, de sa seule amie, Lettie, et des aventures irréelles qu'il a vécues au côté de cette jeune fille de 11 ans pour qui la mare au canard du bout du chemin était son Océan...
Dès les premières pages on se laisse emporter par la magie de ce conte, original et surprenant, qui se lit vite, mais qu'on prend le temps de savourer, de découvrir, et qu'on n'a pas du tout envie de quitter une fois la dernière page tournée. L'Océan au bout du chemin fait partie de ces livres que je relirai très certainement encore, et encore, pour en savourer chaque détail.
Ma note (sans surprise) : *****
mardi 20 janvier 2015
L'Océan au bout du chemin, vu par Gaenaria
Pendant un enterrement, un homme se retrouve non loin de là où il a vécu
enfant. Il s'échappe de cette journée pesante pour aller retrouver les
lieux de son enfance, et notamment la mare située derrière la maison de
sa voisine, que cette dernière appelait l'Océan. C'est ici qu'il y a
vécu des événements bouleversants alors qu'il n'avait que 7 ans, qu'il
avait encore peur du noir, et que Lettie était venue l'aider dans une
étrange affaire. Les souvenirs lui reviennent comme jamais auparavant.
Le pitch est un peu plan plan et ne laisse absolument pas entrevoir la petite perle qu'il recèle. Si vous aimez Alice au pays des merveilles, et l'univers de Tim Burton, vous devriez aimer Neil Gaiman. Même si son univers est encore autre chose, ses histoires vous plongent dans une atmosphère à la fois angoissante et pourtant familière, d'autant plus pour ce roman qui parle de l'enfance. Il vous fera renouer avec cette époque troublante où vous viviez dans un double monde, celui des adultes et le vôtre, et où coexistaient d'étranges créatures que vous seul pouviez percevoir avec le monde non moins étrange et difficilement compréhensible de vos parents. Bref, c'est un petit bijou de sauvagerie cruelle peuplé de créatures non moins horribles, où le merveilleux cauchemardesque est un réel pour l'enfant qui ne laisse qu'une infime trace onirique dans les souvenirs embrumés de l'adulte. Sauf lorsqu'on se trouve près d'une mare qui est en fait un océan, et que les souvenirs affluent, aussi précis que lorsqu'ils étaient vécus, pour revivre pendant un instant le monde étrange de l'enfance.
J'ai adoré ! Ne serait-ce que pour ce beau cadeau de revivre l'ambiance si particulière de l'enfance, où les personnages de nos livres, où nos jouets et les monstres de nos cauchemars n'étaient pas qu'une lubie de l'esprit mais participaient pleinement à notre réalité.
À lire absolument, un coup de cœur c'est certain !
Ma note : ***** (voire même * en plus !)
Le pitch est un peu plan plan et ne laisse absolument pas entrevoir la petite perle qu'il recèle. Si vous aimez Alice au pays des merveilles, et l'univers de Tim Burton, vous devriez aimer Neil Gaiman. Même si son univers est encore autre chose, ses histoires vous plongent dans une atmosphère à la fois angoissante et pourtant familière, d'autant plus pour ce roman qui parle de l'enfance. Il vous fera renouer avec cette époque troublante où vous viviez dans un double monde, celui des adultes et le vôtre, et où coexistaient d'étranges créatures que vous seul pouviez percevoir avec le monde non moins étrange et difficilement compréhensible de vos parents. Bref, c'est un petit bijou de sauvagerie cruelle peuplé de créatures non moins horribles, où le merveilleux cauchemardesque est un réel pour l'enfant qui ne laisse qu'une infime trace onirique dans les souvenirs embrumés de l'adulte. Sauf lorsqu'on se trouve près d'une mare qui est en fait un océan, et que les souvenirs affluent, aussi précis que lorsqu'ils étaient vécus, pour revivre pendant un instant le monde étrange de l'enfance.
J'ai adoré ! Ne serait-ce que pour ce beau cadeau de revivre l'ambiance si particulière de l'enfance, où les personnages de nos livres, où nos jouets et les monstres de nos cauchemars n'étaient pas qu'une lubie de l'esprit mais participaient pleinement à notre réalité.
À lire absolument, un coup de cœur c'est certain !
Ma note : ***** (voire même * en plus !)
vendredi 2 janvier 2015
11e session - Rétrospective 2014
Thème : Et oui, 2014 est terminée, et nous voici bel et bien en 2015 ! Mais malgré nos nombreuses lectures, trop de nouveautés de l'année dernière sont passées au travers des mailles de nos filets, et il est temps d'y remédier ! Cette 11e session de CaroLire sera donc consacrée aux nouveautés 2014 !
Le lauréat :
Catégorie Fantastique-Horreur :
L'Océan au bout du chemin, de Neil Gaiman
"J'aimais les mythes. Ils n'étaient pas des histoires d'adultes et ils n'étaient pas des histoires d'enfants. Ils étaient mieux que cela. Ils étaient, tout simplement." De retour dans la maison de sa famille pour des obsèques, un homme encore jeune, sombre et nostalgique, retrouve les lieux de son passé et des images qu'il croyait oubliées. Le suicide d'un locataire dans une voiture au bout d'un chemin, sa rencontre avec une petite voisine, Lettie, qui affirmait alors que l'étang de derrière la maison était un océan.
Et les souvenirs de l'enfance, qu'il croyait enfuis, affluent alors avec une précision troublante...
Ce sont les souvenirs d'un enfant pour qui les histoires existent dès qu'on les croit et qui se réfugie dans les livres pour échapper aux adultes, un enfant pour qui les contes sont sa réalité. Gaiman nous plonge ainsi dans l'univers de l'enfance en même temps que dans celui des contes anglo-saxons, dont il a une connaissance érudite.
Mais plus encore, il nous convie à une relecture de l'influence des contes sur notre enfance, une réflexion sur la mémoire et l'oubli, et ce qui demeure d'enfance en nous. Fidèle à son imaginaire féérique, Neil Gaiman est un créateur d'archétypes que Stephen King qualifie de "trésor d'histoires". Il épure ici sa phrase et ses possibilités narratives pour nous procurer une émotion toute nouvelle, inédite, dans ce roman court, très personnel, qui dévoile sans doute beaucoup de lui et démontre tout le génie littéraire qui lui a valu le convoité Book of the Year décerné à ce roman par les lecteurs anglais.
Les malheureux "perdants" :
Littérature générale :
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, de Haruki Murakami ;
Les Luminaires, d'Eleanor Catton
Les Luminaires, d'Eleanor Catton
Science-Fiction :
Un éclat de givre, d'Estelle Faye ; Les âmes envolées, de Nicolas Le Breton
Fantasy :
Étiquette et espionnage T1, de Gail Carriger ; Qui a peur de la mort ?, de Nnedi Okorafor
Polar-Thriller :
Moriarty, d'Anthony Horowitz ; Chiens enragés, de Marc Charuel
Fantastique-horreur :
Notre-Dame des loups, d'Adrien Thomas
Main innocente :