jeudi 17 septembre 2015

12e session - Qui a peur de la mort ?, par Tara




Qui a peur de la mort ? a été un vrai coup de coeur que j'ai dévoré en quelques jours et que je vais probablement offrir à des lecteurs et lectrices de mon entourage pour le faire découvrir!
Dans le Royaume des sept rivières deux peuples s'opposent: les Nurus, les maîtres, et les Okekes , les esclaves, comme l'affirme le Grand Livre qui affirment que ceux ci ont été punis par la déesse. Onyesonwu, notre héroïne, est une enfant du viol et sa double origine se voit sur son visage. Comme tous ceux dans son cas, elle est rejetée par les deux communautés et crainte, dans cet univers à la fois futuriste et fantastique. Les ordinateurs existent en effet mais ont le statut d'une ancienne technologie, en partie perdue, comme dans une dystopie post-apocalyptique, et les sorciers s'affrontent, du sorcier Nuru qui a engendré Onyesonwu au sorcier Okeke qui deviendra le maître et l'enseignant de la jeune femme, après s'être fait tirer l'oreille, parce que pouah, une fille!

C'est un roman qui aborde à la fois les thèmes du nettoyage ethnique, de l'excision, de l'hypocrisie humaine, de l'horreur du viol comme arme de guerre, mais aussi de la pression sociale et du poids des traditions. Cela en fait une oeuvre dense, ce qui n'empêche pas l'émerveillement et l'enthousiasme, même si je précise tout de suite que la joie de vivre et l'humour ne sont pas ses qualités dominantes! On pourrait plutôt dire qu'Onyesonwu possède la rage de vivre.
Avec ses amis, elle entamera un voyage, mi voyage initiatique, mi expédition vengeresse, vers les terres à l'autre bout du Royaume, pour tenter d'endiguer les armées Nuru avant qu'elles atteignent les dernières villes Okeke , et c'est l'occasion pour le lecteur d'un roman très différent de la fantasy plus habituelle, très axées sur les brouillards londoniens ou les grandes villes occidentales, et que je recommande chaudement.


Ma note: 5/5

mercredi 16 septembre 2015

12e session - Qui a peur de la mort ?, par Nakiami

Cela fait déjà un moment que ce livre me fait de l’œil, et son succès m'a fait sagement attendre mon tour à la bibliothèque. Lorsque j'ai enfin pu en lire les premières lignes, j'ai difficilement pu le refermer jusqu'à la dernière...

Onyesonwu, dont le nom signifie littéralement Qui a peur de la mort ?, est une ewu, c'est-à-dire née du viol d'une femme Okeke par un homme Nuru. Dans cette Afrique post-apocalyptique, être ewu est une malédiction. Rejetée par les Okeke aussi bien que par les Nurus, Onye, guidée par la colère et le désir de vengeance envers son père et envers les cruautés subies par le peuple Okeke, va au devant de sa destinée, étant tout à fait consciente que sa route est semée d'embûches et que seule la mort l'attend au bout du chemin. Heureusement elle pourra compter sur ses amies, qui ont su passer outre sa nature d'ewu et comprendre son combat, et sur son compagnon, un ewu comme elle.

Qui a peur de la mort ? nous confronte aux traditions africaines les plus secrètes, les plus cruelles, comme l'esclavage, l'excision, le viol, la place des femmes au sein de la société... Mais nous sommes également plongés au cœur des croyances, de la religion, de la magie, du folklore africain. Ce mélange de réel et de fantastique en fait un roman tout à fait prenant, à la fois documentaire et quête initiatique, même si le lecteur lambda (donc moi) est bien incapable de savoir à quel point les faits sont inspirés des réalités de ces pays d'Afrique dont on sait si peu de choses. Et pour ne rien gâcher, l'écriture est belle, fluide, et facile...

J'ai adoré ce livre, malgré quelques longueurs dont on aurait bien pu se passer, et je le recommande chaudement.


Nous restâmes là, à nous regarder, un instant.
- Tu as des yeux de tigre, dit-il. Et ces animaux se sont éteints voilà des décennies.
- Vous avez des yeux de vieillard, rétorquais-je. Et les vieillards n'en ont plus pour longtemps. 

Selon une ancienne loi, le premier fils né hors mariage du chef devait remplacer son père. Le père du chef avait contourné cette règle en se mariant avec toutes les femmes avec qui il avait des relations. À sa mort, il avait plus de 300 épouses.

 
Ma note : 4

12e session - Qui a peur de la mort ?, par Ellane

Qui a peur de la mort ? est un ouvrage très original dans le paysage de la fantasy contemporaine. L'auteure, américaine d'origine nigériane, a puisé dans ses racines pour concocter un récit qui entremêle allègrement et avec beaucoup de bonheur les traditions, la magie, la spiritualité, les croyances...

Découvert dans le cadre de mon club de lecture préféré, mon avis sera relativement pondéré ; si Qui a peur de la mort ? présente des qualités, dont l'originalité n'est pas la moindre, d'autres choses m'ont suffisamment "déçue" pour ne pas faire de cette lecture un coup de cœur.

Outre son appui sur la culture nigériane, un autre point fort du livre est d'évoquer des sujets habituellement absents de ce type de littérature : l'excision, le viol comme arme de guerre, la place des femmes dans la société, etc... Toujours dans les qualités de cet ouvrage, je tire mon chapeau à N. Okorafor pour avoir su créer un monde dans lequel la magie est si naturellement et intimement implantée. J'ai beaucoup apprécié également certains personnages, comme Aro, Sola ou l'Ada, qui tiennent quasiment de l'archétype. J'ai particulièrement apprécié la culture du "Peuple rouge", si tant est que ce peuple de légende, se déplaçant dans les tempêtes de sable, existe réellement. Enfin, et de façon générale, j'ai toujours aimé les histoires de quêtes initiatiques pour changer le monde, au cours desquelles, bien souvent, c'est le personnage qui grandit et évolue bien plus que son monde.

Et c'est bien là que le bât blesse dans mon appréciation de ce livre. Je crois qu'il faut que je me fasse une raison, je n'accroche absolument pas au style "young adult", avec ses triangles amoureux (qui m'ennuient), batailles de filles pour un garçon (l'inverse est également vrai) (que je trouve ridicules), réactions typiquement binaires (et prévisibles), et avec des émotions systématiquement paroxystiques (qu'il s'agisse de colère, très présente dans l'ouvrage, mais aussi de détresse, de peur, de tristesse, de joie...), qui, même si on peut les relier à l'adolescence, âge des personnages principaux, me semblent factices. Serait-ce mes 40 automnes s'approchant qui en seraient la cause ? Possible... En tout cas, si je n'ai rien contre une belle et puissante histoire d'amour, les développements gnangnan sur qui aime qui, qui couche avec qui, et compagnie, me laissent de marbre. J'ai donc trouvé les réactions des personnages souvent enfantines, stéréotypées, et la colère d'Onye a fini par me lasser, d'autant que, en tant que personnage principal qui porte ce récit, c'est le personnage qui évolue le moins au fil des 500 pages de l'histoire...

D'autre part, je suis passée à côté d'un certain nombre de choses... Par exemple, je n'ai pas compris le rôle de la technologie dans la cosmogonie de N. Okorafor. A priori, les Okeke, premier peuple, ont été déchu par les dieux au profit des Nuru, car ils utilisaient trop cette technologie. On trouve dans les étendues désertiques traversées par Onye et ses amis des cimetières d'ordinateurs et de téléphones portables, qui portent malheur. Ceci dit, pour produire de l'eau, le seul moyen est d'utiliser une boite... technologique (qui doit marcher à l'énergie magique parce qu'on ne la recharge jamais...) ; enfin, on trouve des téléphones portables avec GPS qui fonctionnent encore... Qui entretient le réseau, les émetteurs et récepteurs, comment recharge-t-on les batteries ?? Bref, ça me laisse un peu sceptique.

Enfin, et ça me parait plus "grave", j'ai surement raté quelque chose autour de l'histoire du Livre. Ce livre explique pourquoi les Okeke sont des esclaves et pourquoi les Nurus sont leurs propriétaires. La prédiction du devin Rana dévoile que ce livre sera réécrit... Ben, à part si le récit de Onye est la nouvelle version du Livre, je ne vois pas se réaliser la prédiction du devin. Mais en quoi le récit de cette adolescente en colère peut-il être le fondement d'une société plus juste ? (Enfin, si c'est bien ça le nœud du livre, mais pas sure d’avoir tout suivi...).

Bref, si Qui a peur de la mort ? n'est pas un coup de cœur, j'ai quand même globalement apprécié sa lecture, y compris la fin qui, un peu mystérieuse et laissant une jolie part d'interprétation à son lecteur, rattrape (pour moi) un peu la sauce. A lire pour son originalité et à noter la couverture magnifique !


La manière dont un enfant est conçu n'est ni sa faute ni son fardeau.

Ma note : 3,5