Nicholas Brook est bien embêté : parti avec sa future
fiancée en vacances dans le Finistère, ils se sont trouvés, à la nuit tombée,
les témoins involontaires d'un bien étrange carnaval : des hommes et des femmes
déguisés buvaient, chantaient, se livraient à des orgies, jusqu'à ce qu'arrive
leur chef, déguisé en Loup Vert. C'est à peu près à se moment-là que s'est
évanoui Nicholas, et la dernière image qu'il a vue avant de sombrer dans
l'inconscience était celle de sa fiancée au bras du Loup Vert.
Quand il revient à lui, il a été déplacé et sa compagne a
disparu. Incapable de retrouver le lieu des festivités, il rentre à Londres
chercher de l'aide, mais tous les détectives qu'il contacte lui font la même
réponse : cette histoire n'est pas de leur ressort, il doit s'adresser aux
Gardiens, les Champions du Bien qui luttent contre le Mal, et dont l'étrange
maison se trouve au fond d'une impasse qui semble hors du temps.
C'est ainsi qu'il rencontre Steven Kane, Anne Ashby, John
Dyball, Lionel Marks et aperçoit le fondateur des Gardiens, Gidéon Cross.
C'est finalement Steven Kane qui mènera l'enquête qui
s'annonce difficile et dont la première étape consistera à partir sur les côtes
françaises, dans le Finistère, en vue de retrouver le petit village dans lequel
s'est tenu le carnaval satanique.
Je trouve que, racontées comme ça, les prémisses de
l'histoire semblent intéressantes. Ce synoptique résume les deux premiers
chapitres du livre, qui sont, au final, les plus réussis de l’ouvrage. Probablement,
Peter Saxon devait avoir en tête d’autres aventures qu’il raconterait dans d’autres
tomes et dont les figures principales seraient les autres gardiens. Car qu'on ne s'y trompe pas : c'est le fabuleux,
merveilleux Steven Kane qui est le héros des Vampires du Finistère, les autres
personnages n’ayant qu’un rôle symbolique, mais pas forcément dénué de piment
(je pense surtout à la troublante Anne Ashby).
Alors, la première chose que l'on remarque en lisant ce
livre, c'est qu'il est mal écrit. La construction des phrases est étrange, et
ne répond pas aux règles simples qui permettent de donner du sens à ses écrits.
Par exemple, on trouve : "Son visage, quoique rond, était d'une blancheur
laiteuse". Je me demande encore en quoi la rondeur d'un visage est en
opposition avec sa couleur !
On remarque aussi très tôt tout un tas de fautes
typographiques qui entravent la lecture : des majuscules au milieu de phrases,
des espaces à l'intérieur d'un mot (par exemple : f ace à f ace"), des
tirets indiquant la continuité d'un dialogue alors que celui-ci a pris fin.
Et comme si ces écueils ne suffisaient pas, la trame de l'histoire
est sans surprise, hyper convenue, avec un Super Steven qui n'est pas loin d'une
contrefaçon d’un Superman ou d'un James Bond de déstockage, à la fois anthropologue,
karateka, copain de Lenoir (un homme qui semble faire peur à tout le monde mais
dont le nom, contrairement à ce qu'en dit le quatrième de couverture, ne se
rapporte qu'à son poil et non à son âme), joueur émérite d'échecs, séducteur
désiré par les monstres femelles pour son corps, adepte du "pouce qui assomme",
étrangleur de vouivre, nageur émérite qui bat à la nage les requins-sirènes qui
hantent les fonds marins bretons (!), et j'en passe et des meilleures !
J’ai ceci dit trouvé mon compte à la lecture de ce livre. « La
descente aux Enfers doublés d’un duel à mort » promis par le quatrième de
couverture vaut quand même son pesant de poiscaille. Je veux bien sur parler de
l’affrontement qui a lieu d’abord entre Super Steven et le « Maitre »
puis entre Super Steven et le démon femelle qui en veut à son corps. Ce
face-à-face commence au moment le vieux vampire tient entre ses mains une « seringue
hypodermique » ( !) pour endormir son ennemi pendant qu’il le tuera,
traitement de faveur lié au fait qu’ils ont été amis ( !). Heureusement
que Super Steven concentre son énergie dans le haut de son corps ( !) pour,
le moment venu, « libérer cette énergie dans un suprême effort de volonté »
( !) (oui, ce passage a été une grande source de surprise pour ma part, d'où l'accumulation de "!"). Je ne raconterai pas la suite de la rencontre, bien qu’elle soit à
la fois du même acabit et fort savoureuse, mais je tiens quand même à dire qu’elle
m’a valu un vrai bon fou-rire qui perdure encore aujourd’hui quand j’y repense
(je sais, c’est pas bien de se moquer, mais quand même…). En second lieu, et après
coup, je me dis que finalement, Peter Saxon a compris quelque chose d’universel
à la nature de la Femme : pour s’en débarrasser, qu’elle soit humaine,
poisson ou vouivre, rien n’est aussi efficace que de lui balancer dans la
figure le nom de sa rivale !
Cette leçon vaut bien 190 pages sans doute.
L’idée était je crois d’écrire une critique et pas un roman.
Je tiens avant de clore là mon premier billet, pour utiliser le terme consacré, à dire que je suis très heureuse d’avoir participé à cette session de
Caro-Lire et remercie les Caroline à l'origine du projet. Au moins, j’ai bien ri !
J’accorde une étoile à l’ouvrage, même si je ne connais pas
Twilight et que donc, je n’ai rien contre.